Périurbanisation-paupérisation en Rhône-Alpes

15 millions de Français vivent en zones périurbaines, soit un Français sur quatre. Mal pensés, souvent mal gouvernés, ces territoires sont des oubliés des la réforme de la décentralisation. Plusieurs documents et recherches abordent la périurbanisation en Rhône-Alpes du point de vue de leurs populations. Ils aboutissent au dur constat suivant : accentuation de la pauvreté et relégation...

Des campagnes urbaines

La 34ème rencontre nationale des agences d'urbanisme, la Fédération nationale des agences d'urbanisme (FNAU) et l'Agence de Développement et d'Urbanisme du Grand Amiénois (ADUGA) a porté sur les Campagnes urbaines et constitue une bonne porte d'entrée pour comprendre la périurbanisation.

A lire en ligne : Zones périurbaines : 15 millions de Français délaissés, Jean-Pierre Gonguet, la Tribune, 30 septembre 2013

A visiter : le site de la 34ème rencontre

La périurbanisation autour de Lyon

Eclairage par Eric Charmes, directeur du laboratoire RIVES (ENTPE), lors de sa participation à la Conférence des Savoirs organisée dans le cadre des Rencontres Nationales Scientifiques de Bron :

  • Les agglomérations ne se sont pas vraiment étalées : elles ont rempli leur espace, leur aire d'influence d'une manière de plus en plus dense et émiettée, englobant de plus en plus de communes et d'habitants.
  • Le phénomène a semblé pris en compte quand on a décidé de maitriser les droits à construire dans les premières couronnes. Mais l'étalement s'est développé au-delà de la première et de la deuxième couronne, vers des secteurs plus éloignés où le foncier est moins cher. Dans ces secteurs des ménages exclus des centres d'agglomération ont pu s'établir aussi longtemps que le prix de l'énergie n'a pas pénalisé les déplacements.
  • La lutte contre l'étalement condamne-elle la maison ? Ce n'est pas sûr dans la mesure où des formes modernes de maison, en village ou groupées, permettent une densité comparable à la densité de certains quartiers urbains rénovés, en créant une sociabilité. Et des efforts en matière de performance énergétique permettent de rattraper en partie l'écart entre habitat individuel et habitat collectif.
  • La solution n'est pas que technique, elle doit prendre en compte le social, le politique, en abordant la question de la métropolisation à la bonne échelle. Or la fusion des compétences du Département du Rhône et du Grand Lyon sur le territoire de ce dernier, va rejeter le Rhône périurbain.
  • L'enjeu est de trouver la cohérence, pour aborder les liens entre des territoires différents, du centre ville aux secteurs lointains où vivent les ménages qui n'ont pas les moyens de vivre dans le centre.

Lire l'article complet : Conférences des Savoirs à Bron : la périurbanisation à la recherche de la bonne gouvernance, Michel Deprost, Enviscope, 21 octobre 2013

La paupérisation des classes moyennes périurbaines en Rhône-Alpes

Dans la déclinaison régionale de son 18ème rapport annuel sur l' "état du mal logement" (mars 2013), la Fondation Abbé Pierre met l'accent sur l'accroissement de la pauvreté s dans les zones périurbaines des agglomérations rhônalpines.

Contexte

Le rêve de l'habitat pavillonnaire est toujours très fort en France, particulièrement dans la région Rhône-Alpes. Les zones périurbaines ne cessent de se développer à la périphérie des grandes agglomérations et de certaines villes moyennes. L'accroissement démographique du périurbain, plus rapide que celui des villes et des banlieues depuis le début des années 1970, s'accélère encore.

Endettement

Les zones périubaines sont peuplées majoritairement par les petites classes moyennes. Pour accéder à la propriété, dans un contexte d'accroissement des prix entre 2000 à 2010, les ménages s'endettent de plus en plus.

En Rhône-Alpes les indicateurs passent au rouge :

  • Le nombre de dossiers "banque de France" a augmenté de 29 %, principalement dans la Loire, l'Ain, l'Isère et le Rhône.
  • Dans la Drôme, selon une étude de l'ADIL 26 (association d'aide au logement) le Fonds d'Aide aux Accédants en difficulté est passé de 1 dossier en 2009 à 54 en 2011.

Transports

Ces ménages des zones périurbaines sont également mis en difficulté par les déplacements quotidiens. Les trajets en Train Express Régionaux (TER) ont progressé de 30 % entre 2005 et 2009 mais le train n'a pas remplacé la voiture. Les trajets domicile/travail se sont simplement rallongés. Par exemple, dans l'agglomération lyonnaise, ces trajets ont doublé en 25 ans.

Avec l'augmentation du carburant, les transports coûtent donc de plus en plus cher, d'autant que les personnes modestes font deux fois plus de kilomètres que les gens aisés.

Il faut également prendre en compte le fait que le temps passé dans les transports entraîne des effets importants et sous-estimés sur les fonctionnements familiaux.

La question des transports montre également les difficultés de l'intervention publique : les périphéries des agglomérations s'étendent de plus en plus or les transports publiques (hormis les TER) sont gérés et financés à l'échelle de l'agglo.

La Fondation Abbé Pierre note toutefois une amélioration possible avec les changements d'échelle permis par les différentes réformes territoriales. La récente création d'un syndicat des transports à l'échelle du Pôle métropolitain le montre.

Reste les petites communes à la périphérie des communautés d'agglomération qui ne disposent pas de services étoffés, notamment en matière sociale ou d'urbanisme pour faire face.

A lire : le Rapport Rhône-Alpes de la Fondation Abbé Pierre (25 pages)

Des "tiers-espaces" scrutés par la Mission Régionale d'information sur l'Exclusion (MRIE) Rhône-Alpes

La MRIE mène un travail exploratoire sur deux communes que sont Ambérieu-en-Bugey et Saint-Rambert-en-Bugey, dans lesquelles des "poches de pauvreté" ont été identifiées, afin de comprendre quelles sont les causes de cet appauvrissement.

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