Des circuits courts solidaires

Comment monter un circuit court de distribution des produits agricoles qui soit réellement vecteur de développement durable ? Plusieurs expériences, en Rhône-Alpes ou ailleurs, mettent l'accent sur l'accessibilité des produits pour tous...

Un coup de pouce aux ménages les plus modestes

Le Département du Nord permet aux personnes démunies d'acquérir à moindres frais les "bio-cabas" d'un groupement d'agriculteurs locaux.

Pour faciliter l'accès de tous à des produits issus de l'agriculture biologique, des commandes sont passées via les centres sociaux et maisons de quartier du département, et subventionnées par le conseil général.

Cette expérience peut être rapprochée du programme Uniterres développé par l'Association Nationale de Développement des Epiceries Solidaires (Andes), pour privilégier les produits locaux dans les épiceries sociales :
Des fruits et légumes au centre social

Depuis 2009, le Centre communal d'action sociale (CCAS) de Grenoble a développé un système de "paniers solidaires" pour redonner l'envie de manger mieux et local, sans forcément dépenser plus.

L'un des objectifs de l'opération était de rendre les fruits et légumes accessibles à des ménages à bas revenus, qui souvent n'en consomment plus ou très peu.

Le CCAS, qui achète des productions locales, les revend sous forme de paniers à prix variables, en fonction du quotient familial.

La distribution des paniers ayant lieu dans les "maisons des habitants", elle permet également d'organiser des animations et des rencontres...

Des paniers solidaires

Avec le soutien des collectivités et du Fonds Social Européen, l'Association départementale pour le développement de l'emploi agricole et rurale (Addear) et diverses associations de Saint-Etienne (42) animent De la ferme au quartier, une véritable plateforme d'approvisionnement local, où la solidarité est de mise.

Ainsi, les consommateurs participent aux frais de fonctionnement en fonction de leurs revenus, permettant à des personnes très pauvres d'accéder à des produits de qualité. L'objectif est également de créer des emplois.

Une conserverie solidaire

Dans l'Aube, une association a décidé de valoriser des invendus agricoles sous forme de petits plats en conserve, dont une partie est réservée à l'aide alimentaire.

L'Association pour la création et le déploiement des conserveries solidaires (ACDCS) a lancé la création de plusieurs ateliers, après une étude de faisabilité financée par la direction régionale de l'alimentation.

Des pistes pour des circuits courts vraiment durables

Pour la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (Fnab), "le renouveau des modes de commercialisation de proximité doit être appréhendé avec prudence", car un circuit court de distribution n'est pas, en soi, une garantie de développement local.

Et la mise en place d'un circuit court doit être réfléchie pour non seulement consolider le revenu de quelques agriculteurs concurrents entre eux mais aussi :

  • consolider l'économie locale en soutenant les agriculteurs dans leur conversion vers l'agriculture biologique ou raisonnée et en créant des emplois
  • développer de nouvelles pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement
  • rendre accessibles au plus grand nombre des produits de qualité, renforcer les liens sociaux et favoriser l'insertion socio-professionnelle des personnes en difficulté

Pour illustrer cet argumentaire en faveur de démarches sociales et solidaires, la Fnab a choisi de présenter 13 expériences aussi diverses que possibles mais toutes soucieuses d'intégrer les trois piliers du développement durable.

Circuits courts et cohésion sociale

Alors que les circuits courts de distribution des produits alimentaires sont souvent taxés d'élitisme, un recueil d'expériences réalisé dans le cadre du réseau rural français montre qu'ils peuvent au contraire "être sources de cohésion sociale".

Pour les auteurs de ce document, une multitude d'initiatives (groupements d'achats informels, jardins partagés, troc, glanage...) montrent que "lorsqu'on laisse le pouvoir d'agir des individus s'exprimer, il y a des solutions". Bien plus, les circuits courts faciliteraient l'engagement et l'autonomie (empowerment) des personnes les plus démunies.

Parmi les expériences décrites figurent :

  • des points de vente collectifs qui pratiquent des tarifs réduits pour les personnes en difficultés
  • la constitution d'une coopérative d'achats
  • des jardins partagés
  • une formation pour établir des prix de vente en rapport avec les coûts de production et de transformation

Ce document présente également :

  • une grille d'analyse des expériences de circuits courts selon 3 critères : le lien social, le fonctionnement du réseau, la participation
  • des propositions, issues d'un rapport sur la Transformation des modes de vie, des comportements et de la consommation, pour des solutions alternatives à la pure et simple distribution de produits alimentaires à destination des plus pauvres