Identifier, connaître et mobiliser les acteurs du système alimentaire local

Partant de la définition de l'État, les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) sont "élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs d'un territoire et visent à donner un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé."

Il convient donc de raisonner et d'animer une démarche permettant de mobiliser les parties prenantes du système alimentaire local et de les rendre acteurs dans une logique de co-construction du projet. Nous vous proposons ci-après quelques éléments de méthode pour organiser cette mobilisation des acteurs. 

« N’est acteur que celui qui agit ! »  

Pour introduire le sujet, voici quelques principes généraux pour appréhender le système d’acteurs et les logiques de jeux d’acteurs en lien avec l’émergence et la co-construction de stratégies alimentaires territoriales. (GT SAT Cap Rural janvier 2018)

La complexité liée aux multiples dimensions de la question alimentaire et aux très nombreuses parties-prenantes du système alimentaire local incite à revisiter l’étape de cartographie des acteurs, en privilégiant sur la phase d’émergence de la démarche territoriale un repérage des actions et initiatives dans les six champs de l’alimentation.

Réaliser un repérage des actions et initiatives

Le repérage porte sur les actions et initiatives passées, en cours, prévues ; dans les six de l’alimentation ; précise le portage (chef de filât) ainsi que les acteurs concernés ; spécifie l’échelle d’intervention… Pour obtenir une vue d’ensemble et activer la transversalité nécessaire à toute démarche alimentaire, cet inventaire est à réaliser de façon collégiale en inter-services voire en inter-structures.

En illustration : premier repérage d'actions et initiatives en lien avec l'alimentation (GT SAT Cap Rural janvier 2017).

Ce panorama permet d’apprécier la dynamique territoriale en rendant visible la multiplicité d’actions conduites localement et d’acteurs engagés sur la question alimentaire. Il est à compléter avec la mise en évidence des liens ou relations entre ces actions, que ces liens et relations soient effectifs ou non, qu’ils révèlent des proximités, des concurrences ou des contradictions.

Enfin, ce repérage des acteurs participe également à la préfiguration de la gouvernance alimentaire du territoire.

Décrypter les dynamiques d’acteurs à l’instant T du processus

Les systèmes d’acteurs et les jeux d’acteurs évoluent en fonction des stades ou phases d’un processus ou d’un projet. Il importe donc de sortir des généralités et de questionner aussi souvent que nécessaire les dynamiques d’acteurs. Attention ici à dépasser les représentations, les préjugés et les idées reçues et à véritablement actualiser ou affiner sa connaissance des acteurs.

Trame de questionnement : « Quels sont les objectifs (annoncés ou présumés) des différents acteurs identifiés dans le projet / la démarche ? Quels sont leurs enjeux institutionnels ou personnels ? Quelles sont leurs contraintes et/ou ressources dans le « système/projet » ? Comment agissent-ils et se comportent-ils face au projet / à la démarche ? Quelles sont leurs synergies et leurs antagonismes par rapport au projet / à la démarche ? Quel est l’historique positif ou négatif des relations ?... »

Raisonner une stratégie de mobilisation des acteurs à chaque phase du projet

Certaines parties prenantes du système alimentaire vont être plus difficiles à mobiliser. Il faut donc bien raisonner comment, quand, pourquoi les approcher et les impliquer et avoir cerné leurs préoccupations et freins pour les intégrer à bon escient et au bon moment dans la démarche. Pour certaines catégories d’acteurs, il peut par exemple être nécessaire de s’appuyer sur des personnes ressources, des structures relais, des têtes de réseau, des syndicats ou associations professionnelles…

Trame de questionnement : « Où en est-on dans le processus ? De qui a-t-on besoin ? Avec qui travaille-t-on en interne et externe ? Qui est mobilisé ? Qui connaît-on ? Avec qui ne travaille-t-on pas ? Pourquoi ? Sait-on les mobiliser ? Travailler avec eux ? Pour quoi faire ensemble ? Ce qu’ils font ou vont faire dans l’action ? Quelles difficultés ? Avec les partenaires ? les non-partenaires ? De qui ai-je besoin pour légitimer mon action ? … »

Il faut par ailleurs garder en tête que :

  • Toutes les parties prenantes du système alimentaire ne s’inscriront pas dans la dynamique territoriale (par exemple des exploitants agricoles resteront sur les filières longues pour servir les marchés mondiaux)
  • Il est important d’être pragmatique et d’agir là où l’on peut agir pour construire un réseau local d’acteurs qui peuvent et veulent agir avec en perspective l’élargissement progressif de ce réseau
  • Ces démarches territoriales sont de longue haleine et qu’il y a des marches successives à passer pour informer, sensibiliser, accompagner… et donc des marches à passer pour élargir le cercle des acteurs grâce à une évolution des pratiques de production, de consommation, de transformation, de distribution

Se construire une feuille de route spécifique pour agir

Les points de méthodes ci-dessus doivent permettre de définir une stratégie d'action 

Trame de questionnement : « Quels sont mes objectifs à l’instant T ? Quelles sont les actions à mener ? Quels obstacles je rencontre et de quels leviers je dispose ? Qu’est ce que je peux faire ? De quels soutiens ai-je besoin ? Comment agir en conséquence ? … »

A titre d’illustration et de complément méthodologique, vous pouvez consulter : 

Mots-clés: emploi, social, alimentation, santé, coopération, agriculture, économie, élus, foncier, Collectivités, acteurs