Démarrer, initier une réflexion sur une démarche alimentaire territoriale

Promus par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014, les projets alimentaires territoriaux ont vocation à développer l’agriculture et la qualité de l’alimentation sur les territoires. Que ce soit en réponse à une demande ou une commande politique, dans le cadre de la mission d’aide à la décision des agents et techniciens des collectivités, sous l’impulsion de la société civile… démarrer ou initier de telles démarches nécessitent quelques préalables.

Une clarification et des définitions

Système, stratégie, projet alimentaire… De multiples dénominations ont cours aujourd’hui pour évoquer les dynamiques en lien avec l’alimentation sur les territoires. Il conviendra dès le lancement d’une démarche de se doter d’un langage commun et de le partager ; en premier lieu au sein de la structure porteuse ou initiatrice de la démarche mais aussi plus largement avec l’ensemble des acteurs et partie-prenantes du projet.

Système alimentaire : manière dont les hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture. (Malassis L., 1994, Nourrir les Hommes, Dominos-Flammarion, Paris : 110 p)

Système alimentaire durable : réseau de collaboration territorial qui intègre la production, la transformation, la distribution, la consommation de produits alimentaires et la gestion des matières résiduelles, dans le but d’accroître la santé environnementale, économique et sociale de la collectivité. Il comprend les acteurs, activités et les infrastructures impliqués dans la sécurité́ alimentaire d’une population et repose sur une gouvernance alimentaire territoriale. (Source : Collectivités viables)

Système agroalimentaire localisé (SYAL) : des ensembles "d'organisations de production et de service (unités de production agricole, entreprises agroalimentaires, commerciales, de services, restauration) associées à un territoire spécifique par leurs caractéristiques et leur fonctionnement. Le milieu, les produits, les hommes, leurs institutions, leur savoir-faire, leurs comportements alimentaires, leurs réseaux de relations, se combinent dans un territoire pour produire une forme d'organisation agroalimentaire à une échelle spatiale donnée". (Source : Muchnik, J., Requier-Desjardins, D., Sautier, D., Touzard, J.-M. [2007]. Introduction aux SYAL [Systèmes Agro-Alimentaires Localisés]. Économies et Sociétés [Paris] [29], 1465-1484)

Projet alimentaire territorial (PAT) : terme consacré par l’État dans le cadre de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 et donnant naissance à un objet politique nouveau, promu et soutenu notamment à travers le Programme National pour l’Alimentation (PNA) et pouvant aujourd’hui bénéficier d’une reconnaissance officielle. Les PAT sont élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs d'un territoire, ils visent à donner un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé. L’alimentation devient alors un axe intégrateur et structurant de mise en cohérence des politiques sectorielles sur ce territoire. (Source : Alimagri)

Stratégie alimentaire territoriale (SAT) : démarche volontariste d’une collectivité visant à travailler avec les différentes parties-prenantes et protagonistes du système alimentaire local pour créer des liens, des passerelles et des synergies entre des actions ou projets sectoriels issus de divers programmes, dispositifs ou politiques publiques afin de raisonner et coordonner un ensemble cohérent d’actions et d’y allouer les moyens et ressources nécessaires. (Source : Cap Rural 2017

Alimentation durable : une alimentation viable sur le plan économique et social, qui préserve l’environnement, la santé et la diversité culturelle. L’alimentation durable répond aux critères suivants : une alimentation accessible à tous, saine et équilibrée, répondant aux besoins nutritionnels humains ; un système qui préserve l'environnement, le climat, les sols, l’eau, la biodiversité ; une alimentation sobre en consommation d’énergie, en émissions de gaz à effet de serre et générant moins de déchets (circuits courts, peu de produits importés, respect de la saisonnalité des fruits et légumes, mode de production sobre, diminution des emballages...) ; une alimentation qui s’appuie sur des modes de production agricole durables, assurant un revenu équitable pour les producteurs et préservant le tissu rural et le développement local.

Des démarches toujours spécifiques, idéalement systémiques

S’il existe un socle commun à l’ensemble des démarches alimentaires territoriales, les caractéristiques des démarches seront toujours spécifiques aux territoires qui les développent en réponse à des problématiques locales. Il n’y a donc pas de modèle unique ni dans le contenu ni dans la démarche d’élaboration : les SAT ou PAT résultent avant tout des choix opérés par les élus et acteurs locaux en réponse à des enjeux, priorités, défis d’un territoire.

  • Enjeux d’aménagement durable des territoires avec la protection et la valorisation des ressources foncières agricoles
  • Enjeux de maintien des activités agricoles sur les territoires périurbains et ruraux grâce à une rémunération plus juste des producteurs
  • Enjeux de consolidation et de développement de l’emploi local grâce à la (re)territorialisation des filières agro-alimentaires qui constituent un secteur d’importance dans l’économie régionale
  • Enjeux de protection des ressources (eau, sol, air) en appui sur des changements dans les pratiques agricoles et notamment la mise en œuvre de démarches agroécologiques
  • Enjeux de santé publique portés simultanément par la qualité de l’alimentation et par des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et des écosystèmes
  • Enjeux de résilience qui poussent les villes, les agglomérations ou les métropoles à mettre la question alimentaire à leur agenda politique et à rechercher un approvisionnement alimentaire de proximité
  • Enjeux d’attractivité des territoires avec la valorisation des produits du terroir et la prise en compte de la demande sociale et citoyenne d’une alimentation locale et de qualité

La question alimentaire présente par ailleurs l’intérêt majeur de permettre d’intervenir simultanément sur de multiples axes ou thématiques. Ainsi - selon une approche systémique - on ouvrira idéalement la réflexion aux six champs de l’alimentation, aussi dans la perspective de décloisonner l’action publique et d’agir en transversalité.

On recherchera à ce titre les articulations possibles entre les politiques, programmes, dispositifs, procédures… portés par les collectivités ainsi que les coopérations ou partenariats permettant de mutualiser, d’innover… dans la démarche et les projets ou actions qui en découlent.

De premiers questionnements pour initier une réflexion

"À quelle(s) échelle(s) raisonner ? Avec quelles parties-prenantes et pour quelles contributions ? Pour quels enjeux ou objectifs… spécifiques et partagés ? Quels types d’actions mettre en œuvre ? Selon quelle approche ou démarche en matière de gouvernance et de conduite de projet ? … "

Quelques outils pour initier ou guider la réflexion issus des journées de travail animées par Cap Rural :

Synthèse des réflexions et échanges sur la coopération en faveur des SAT (2016)

Argumentaire générique en faveur de stratégies et de projets alimentaires territoriaux (2016)

Carte de questionnements (2016)

Autres travaux et ressources

Les travaux conduits au niveau national par le Rn Pat et les réseaux régionaux de PAT 
Les productions du réseau rural PACA
Les ressources du CERDD

Mots-clés: emploi, social, alimentation, santé, coopération, agriculture, économie, élus, foncier, Collectivités