Enjeux agricoles des territoires périurbains et rôle des intercommunalités

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Le 7 décembre 2021, au lycée agricole Louis Pasteur de Marmilhat (63), Cap Rural organisait une journée d'échanges pour montrer comment le monde agricole et les acteurs des territoires périurbains travaillent ensemble pour développer une activité agricole de proximité et l'intérêt d'une telle collaboration.

Rassemblant des agents de développement de collectivités et d'associations, élus locaux, organisations professionnelles agricoles, enseignement agricole, chercheurs…, cette rencontre a permis de découvrir des initiatives de territoire et des outils permettant de protéger et sécuriser le foncier agricole en périphérie des villes et le rôle important que les intercommunalités tiennent face à ces enjeux agricoles.

Depuis le plateau de Gergovie, vue sur Clermont-Ferrand, le périurbain, les terres agricoles

L'après-midi était consacrée à la visite de la ferme de Sarliève, un "projet collectif de paysan•nes et de citoyen•nes" initié par Terre de Liens Auvergne, Bio 63 et Îlots Paysansn "afin d'accompagner la demande croissante d'une alimentation de qualité produite localement" et "permettre l'installation d'agriculteur•rices bio aux portes de Clermont-Ferrand en préservant les terres agricoles pour les générations futures."

A découvrir ci-dessous : toutes les interventions de la rencontre

Pour mémoire : le programme de la journée

Contexte et enjeux de l'agriculture périurbaine

En cadrage de cette journée, Xavier Guiomar, enseignant-chercheur géographe à AgroParisTech, a défini ce "tiers-espace" qu’est le périurbain, montré les enjeux et conflits autour du positionnement de ces territoires, comment les dépasser et les leviers dont disposent les intercommunalités pour se réapproprier "leur" agriculture.

La prise en compte de l'agriculture par les agglomérations n’est pas spontanée et est relativement récente. Les institutions et principaux acteurs de la ville ne se sont longtemps intéressés qu'au développement industriel puis tertiaire de leur territoire, secteurs pourvoyeurs d'emplois. De leurs côtés, les acteurs agricoles méconnaissent le monde urbain, voire, pour certains exploitants, préfèrent s'en éloigner. La définition et la mise en œuvre de projets agri-urbains équilibrés supposent qu'élus et professionnels agricoles travaillent ensemble. Cela nécessite une posture ouverte et active du monde agricole et des agriculteurs, qui témoigne d'une volonté de prendre en compte l'évolution périurbaine et les nouvelles demandes sociales. L'implication des agriculteurs et de la profession agricole dans la vie urbaine est indispensable pour favoriser la compréhension des enjeux agricoles, pour arriver à un niveau d'interconnaissance permettant de mettre en place des actions appropriées.

Les bénéfices attendus sont conséquents pour les agriculteurs puisque les décisions des collectivités conditionnent l'avenir du foncier agricole et le dialogue territorial prévient et fait éviter de nombreux conflits.

Préserver des terres agricoles : des outils de planification urbaine

Nicolas Quittard, chargé de mission agriculture à Saint-Étienne Métropole, est ensuite intervenu sur les outils de planification urbaine pour préserver du foncier agricole, avec la mise en place de plusieurs périmètres de protection sur le territoire métropolitain dont le PAEN de l'Ouest Stéphanois. En effet, la Loire est un territoire dans lequel les espaces agricoles sont menacés par l'étalement urbain et cette politique de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains est une véritable démarche partenariale permettant de délimiter des périmètres de protection, d'élaborer un programme d'actions et d'exercer un droit de préemption.

Zoom sur l'action des intercommunalités

La table-ronde a eu pour objectif d'aborder le rôle des intercommunalités dans le maintien et le développement de l'agriculture et les politiques possibles pour agir. Maxime Goudezeune, conseiller ruralités et santé à l'Assemblée des Communes de France, a mis en évidence le réinvestissement du sujet agricole dans les EPCI.

En effet, depuis les années 90, la profession agricole était peu disposée à l'égard des collectivités locales pour qu'elles s'emparent de l'agriculture. Depuis, des politiques environnementales et d'aménagement agricole ont apparu et récemment les enjeux de relocalisation alimentaire dans les territoires ont renforcé ces actions, comme l'a souligné Claude Janin, chercheur associé à l'UMR Pacte-Territoires.

Enfin, la crise sanitaire a accentué la question de la précarité alimentaire des centres urbains et les outils comme les PAT se sont multipliés. La priorité agricole des villes s'est déplacée des filières traditionnelles vers les besoins en produits locaux. Les EPCI sont devenus le maillon territorial pertinent pour travailler ce sujet en transversalité (santé, alimentation, foncier). 

Béatrice Chénet, chargée de mission agriculture à la Communauté d'Agglomération du Pays Voironnais, a elle aussi souligné l'intérêt des collectivités de soutenir, d'accompagner et de s'impliquer dans le développement agricole de leur territoire. Le Voironnais a une longue expérience de politiques agricoles, et cet agent de développement les a illustrées à travers les questions agricoles incontournables de transmission/installation, de maîtrise du foncier et du maintien de certaines filières et de l'enjeu autour de l'approvisionnement local et de la restauration collective.

Présentation de la ferme de Sarliève

Julien Guerrand, futur associé, a présenté cette ferme de 155 ha portée par des acteurs associatifs. Celle-ci entend répondre au défi de la relocalisation de l'alimentation, tout en préservant l'environnement et en stoppant le grignotage des terres agricoles au sud de l'agglomération clermontoise. Ce projet illustre l'émergence de la société civile urbaine et périurbaine dans la question agricole et alimentaire sur les territoires. En novembre 2021, la SCIC Ferme de Sarliève a pris possession de 80 hectares ; les 75 restants sont encore soumis à la révision des PLUi. Début 2022, le premiers agriculteurs devraient s’y installer.

A découvrir : une présentation sur la genèse du projet, les enjeux, les domaines d'activité, la gouvernance et le lien au territoire.

Visite de terrain

L'aprés-midi, les participants sont partis sur le plateau de Gergovie qui surplombe le terrain de la ferme de Sarliève pour mieux appréhender son emprise foncière dans le sud de l'agglomération clermontoise et mettre en perspective les enjeux énoncés en salle.

Depuis le plateau de Gergovie, vue sur Clermont-Ferrand, le périurbain, les terres agricoles

Contact

Virginie Rouchit-Sallard, chargée de mission Agri-agro et territoires Cap Rural
04 73 42 16 12 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Mots-clés: agriculture, périurbain, intercommunalité