Tel était le sujet de l’édition 2016 des Assises du cercle de réflexion Sol et Civilisation qui portaient d'une part sur les nouveaux liens et nouvelles frontières entre ces espaces et d'autre part sur les nouveaux enjeux et nouvelles gouvernances pour dépasser la conception de deux pôles distincts. Cap Rural, présent à cet évènement, y animait une table-ronde. Des actes ainsi que des vidéos de la rencontre sont à présent en ligne.
Sept mois après la signature du Pacte État-métropoles, le 6 juillet 2016 à Lyon, le gouvernement et les présidents de métropoles se sont réunis le 1er mars 2017. Un dossier de presse, produit pour l'occasion, présente les 15 pactes, dont ceux de Grenoble-Alpes (signé le 9 février 2017) et celui de Lyon (signature à venir) et rappelle que "chaque pacte comporte un volet "coopération" qui scelle une contractualisation entre la métropole considérée et des espaces proches, périurbains, ruraux, villes petites et moyennes, y compris transfrontaliers". Le projet de loi relatif au statut de Paris et à l’aménagement métropolitain, adopté par l'Assemblée nationale le 16 février 2017, prévoit par ailleurs la création de sept nouvelles métropoles au 1er janvier 2018, dont Clermont-Auvergne Métropole et Saint-Étienne Métropole. Enfin, la mise en oeuvre d’un Observatoire des dynamiques métropolitaines et des coopérations interterritoriales a été évoquée.
"Véritables moteurs de croissance, les métropoles ont des responsabilités vis-à-vis des territoires proches, et ce dans un cadre institutionnel renouvelé." Ainsi se présente le Pacte État-métropoles de l'été 2016, nouvelle étape de la réforme territoriale. Depuis lors, et à la date du 31 janvier 2017, six pactes métropolitains d'innovation ont été signés sur les 15 prévus. Chacun d'eux comporte également un contrat de coopération métropolitain entre la métropole et les territoires limitrophes, qu’ils soient ruraux comme périurbains. L'idée est de favoriser une "alliance des territoires" urbain-rural, sur le principe des "contrats de réciprocité" par ailleurs en cours d'expérimentation.
Ces contrats, nés en 2014 dans le cadre des Assises des ruralités, expérimentés sur quatre "ensembles" à partir du comité interministériel aux ruralités du 13 mars 2015, ont été formalisés pour la première fois le 4 novembre 2016 par une signature entre Brest métropole et le Pays de Centre Ouest Bretagne. Ce nouveau type de partenariat de l’action publique locale a pour objectif de dépasser les logiques d’opposition entre territoires en encourageant les complémentarités et les coopérations entre espaces ruraux, périurbains et urbains. Les contrats de réciprocité peuvent être étendus à tous les territoires volontaires, dans le cadre de la clause de revoyure des contrats de plan État-Région 2015-2020.
À l'occasion de la parution d'une nouvelle question intitulée "La France des marges" aux programmes de l'agrégation externe de géographie et du CAPES d'histoire et de géographie, Géoconfluences et le Portail National d'Histoire et de Géographie proposent un dossier de ressources utiles pour l'étude de ce territoire. A découvrir notamment : le texte d'accompagnement du jury du CAPES d'histoire et de géographie et de nombreuses publications numériques en accès libre de géographes et de sociologues, ces derniers aidant à mieux comprendre et maîtriser les notions de marges, marginaux marginalité et marginalisation. On y trouve pêle-mêle des ressources sur la pauvreté, le périurbain, l'habitat, des indicateurs, l'innovation territoriale, le tourisme, l'aménagement, les espaces naturels, les territoires ruraux en marges...
C'est le projet "Nouvelles Richesses" de Frédéric Bonnet, Grand Prix d'urbanisme 2014 et auteur du rapport "Aménager les territoires ruraux et périurbains" remis cet hiver au gouvernement, qui a remporté le concours pour représenter le projet français retenu pour l'édition 2016 de la Biennale de Venise. "Toutes ces dernières années, quand on parlait d'architecture, il n'était question que des grands projets phares des grandes métropoles : Grande Bibliothèque, Grand Louvre, Grand stade... J'ai voulu cette fois que l'on parle du reste, a déclaré l'architecte, de ces petites opérations bien faites susceptibles de changer la vie, partout, dans les bourgs, les villages, les banlieues et tout ce péri-urbain délaissé." La scénographie du projet "Nouvelles Richesses" sera fondée autour d'expériences réelles de territoires confrontés à l'architecture "ordinaire", au travers de 22 opérations photographiées.
En Île-de-France, après avoir payé leur loyer, 350 000 ménages sont en grande précarité. Plus d’un quart des SDF ont un emploi. Tous les jours, le Samu Social paye 30 000 nuits d’hébergement pour des sans-domiciles. A Paris, un logement social est libre une fois tous les vingt ans alors qu’à Aurillac, il est libre une fois tous les cinq ans. Forts de ces constats, l’association Aurore, qui vient en aide à 15 000 mal-logés ou SDF en Île-de-France, et la société Polygone, bailleur social à Aurillac, ont élaboré un partenariat pour une expérimentation sociale. Aurore a proposé à une dizaine de familles ou d’individus isolés d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs… Polygone s’engage de son côté à trouver un logement accessible aux candidats au départ et mobilise son réseau pour décrocher un emploi. Un film documentaire condense deux ans dans les pas de ces personnages qui veulent se relever et de ceux qui les soutiennent. Les territoires ruraux ou à faible densité, forts de leur parc immobiliers, sont-ils en première ligne pour inventer et proposer des micros-solutions qui pourraient être généralisées ?
C’est ce qu’a annoncé la ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité le 12 novembre 2015, à l’occasion de la rencontre-débat "Vivre et habiter le périurbain, aujourd’hui et demain" organisée par le ministère avec l’appui du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Après les banlieues, avec le NPNRU, le monde rural avec le comité interministériel à la ruralité, c’est au tour du périurbain d’être mis sur le devant de la scène, celui-ci pouvant d’ailleurs recouper les deux premières thématiques. Parmi la série de mesures annoncées : la création d’un "lab du périurbain", plateforme pour recenser, valoriser et diffuser les projets innovants et initiatives remarquables dans ces territoires ; l’organisation d’ateliers territoriaux de l’ingénierie périurbaine dès 2016 afin de faire émerger des projets en mutualisant les initiatives et les savoir-faire des différents acteurs ; l’élaboration de conventions cadres sur le développement et l’innovation avec les principaux acteurs territoriaux ; le lancement d’une mission sur la revitalisation des petits commerces en centres-villes et en centres-bourgs. A noter : si vous souhaitez contribuer aux travaux d’exploration et de réflexion sur les territoires périurbains et leurs habitants que conduisent le ministère et le CGET, un formulaire est en ligne !
Dans deux entretiens publiés par La Croix en mars 2015 et La Gazette en juin de la même année, l’économiste Laurent Davezies analyse le creusement des inégalités entre les territoires, à l’œuvre en France depuis trente ans : le système productif a radicalement changé (et sa géographie aussi), se tournant vers une économie de la matière grise et se rétractant autour des métropoles. Si des mécanismes de redistribution ont permis de rééquilibrer les revenus entre les territoires, la crise de la dette (2011) a mis fin à l’augmentation des dépenses publiques et a accéléré la concentration territoriale de la production, détruisant les emplois dans les secteurs les plus vulnérables de l’industrie. De grandes métropoles (comme Lyon) ont su tirer leur épingle du jeu, mais les territoires qui étaient les plus dépendants des revenus non marchands sont de plus en plus vulnérables. Aujourd'hui, il y a les métropoles qui sont des territoires de dynamisme économique même si elles concentrent aussi le gros de la pauvreté, les territoires qui décrochent parce qu’ils cumulent recul de l’appareil productif, faible qualité résidentielle et baisse des dépenses publiques et, entre les deux, de larges parties du territoire qui bénéficient encore d’une économie résidentielle forte et survivront grâce au tourisme et aux retraités. "Les élus ont tendance à considérer qu’il faut à tout prix essayer de retenir les jeunes en développant localement l’emploi, les formations ou le logement. Voilà trente ans qu’on fait ça et ça ne marche pas ! (...) Il faut reculer la ligne de front. Mettre le paquet sur les zones d’accueil les plus proches qui s’en sortent le moins mal. Et pour cela, il faut libérer la mobilité, subventionner massivement les déménagements, revoir les politiques de logement et les droits de mutation qui sont un frein à la vente quand on est propriétaire."
Le discours de la fracture est à la mode, posant deux France : celle des grandes métropoles où se crée la richesse et l'autre, dite périphérique, où seraient relégués les trois-quarts de la population laborieuse. Où sont réellement les injustices territoriales et les "nouveaux déserts français"? Quels sont les critères pertinents pour les repérer ? Quelles politiques publiques sont-elles efficaces et pour quels objectifs ? Animée par ces questions, la Mission Agrobiosciences a sollicité Daniel Béhar dans le cadre des 20èmes Controverses européennes de Marciac. A travers les propos de ce géographe se dessine une fractalisation de l'espace où gagnants et perdants sont partout, dans les capitales comme dans le rural, avec une différenciation de plus en plus forte des situations territoriales (opposée à l'hypercatégorisation des territoires), soit une lecture plus fine qui appelle d'autre indicateurs (la notion de bassin de vie serait obsolète). Il faut également en finir avec un certain développement local, plaide-t-il, car "celui-ci a en effet tendance à dériver très vite vers une logique endogène, où l'on ne pense plus le développement que sur la base des ressources locales. Tout au contraire, l'enjeu actuel consiste à se demander comment, à partir d'un territoire et de ses ressources locales, prendre place dans des systèmes qui les dépassent. A partir d'un lieu donné, comment penser et organiser des politiques de flux."