Métropoles contre territoires ruraux ? Paris contre province ? Centres-villes contre couronnes périurbaines ? Bobos contre prolos ? France privilégiée contre espaces abandonnés... ? Dans le flot des commentaires politiques et médiatiques, les sciences sociales cherchent à "porter un discours analytique dépassant les jugements à l'emporte-pièce et les raccourcis géographiques", énonce le site Géoconfluences proposé par la Direction générale de l'enseignement scolaire et par l'École Normale Supérieure de Lyon. Et le site de citer quelques-unes de ces analyses sur le mouvement spontané de protestation des gilets jaunes.
Le CLER-Réseau pour la transition énergétique a publié en novembre 2018 une étude qui rend compte d'une quinzaine d'initiatives locales illustrant une dizaine de types de coopérations possibles entre territoires urbains et ruraux dans le domaine de l'énergie : planification, économie circulaire, structuration de filières - bois-énergie par exemple -, mutualisations - notamment d'ingénierie, de compétences - et investissements. Chaque type de coopération est présenté et exemplifié par des informations concrètes et des retours d'expérience. Autant de pistes à explorer et à adapter par les territoires.
Une note du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP) montre que pour la plupart des indicateurs de bien-être (satisfaction dans la vie, bonheur, sens et valeur…) pour la France, la relation avec le nombre d'habitants est globalement décroissante, mais que les villes moyennes (20 000 à 100 000 habitants) font figure d'exception avec un niveau de mal-être particulièrement prononcé. La note pointe ainsi les atouts du cadre de vie rural, la solitude des petites villes et l'effet limité du revenu. Un de ses auteurs a par ailleurs donné une conférence à l'automne 2018 intitulée "Le bien-être subjectif au service du développement local", dans laquelle il indique comment les collectivités locales peuvent utiliser ces métriques dans la conduite de leurs actions.
"Parcs naturels régionaux et territoires urbains sont plus interdépendants que jamais. Mais cette interdépendance n'est pas qu'un constat sociétal ou une résultante de l'évolution des périmètres institutionnels des agglomérations : c'est avant tout un devoir, à l'heure où les grands enjeux climatiques, environnementaux et énergétiques, imposent partout des changements profonds, à toutes les échelles et dans tous les contextes. De ce devoir d'interdépendance nous voulons faire un projet pour être à la hauteur des changements qui s'imposent : c'est le sens de la présente adresse aux villes et leurs communautés." Les PNR, réunis en congrès les 10 et 11 octobre 2018, publie un document recueillant leurs propositions à l'adresse des villes pour accentuer concrètement les relations urbain-rural.
Ouest France rapporte comment 13 communautés de communes (représentant au total 570 000 habitants) sont en train de constituer une association dans le but de porter la voix et d'avoir une vision commune face aux métropoles, aux régions ou à l'État. "Jusqu'ici, les villes irriguaient le restent des territoires, explique un député du territoire. Aujourd'hui, on construit de nouveaux modèles, on passe à des logiques horizontales."
La Revue de géographie alpine, à travers différents articles - tous en accès libre - de son numéro de septembre 2018, défend l’idée d’une recomposition profonde des relations territoriales et s’interroge sur l'existence et les formes d'une nouvelle territorialité : la "métropole montagne" est-elle seulement une ville alpine plus étendue ou bien cette intégration entre espaces montagnards et urbains conduit-elle à des productions inédites ? Que nous dit-elle sur la transformation des relations politiques, sociales et économiques entre villes et montagnes, aussi bien dans les imaginaires que dans l’action territoriale qui les actualise ? Pour les auteurs, la montagne se révèle aujourd’hui comme laboratoire d’un renouvellement d’une territorialité métropolitaine où se joue une transformation des rapports centre-périphérie.
Les villes de taille moyenne sont-elles condamnées à rester dans l'ombre des grandes villes régionales ? Une proximité dont elles tirent un avantage, mais qui ne suffit pas à exister, attirer, avancer. Vichy, Chambéry, Valence et Bourg-en-Bresse développent, par leurs propres moyens, des actions pour doper leur attractivité économique et démographique, selon le média Acteurs de l'économie.
À l’occasion de la 3e Conférence nationale des territoires (12 juillet 2018), le Rapport sur la cohésion des territoires et le baromètre ont été présentés par le commissaire général à l’égalité des territoires. Un état des lieux après "une décennie de crise", qui "tord le cou à quelques clichés" (les métropoles ne sont pas toutes "gagnantes" de la mondialisation), met en avant des leviers de la cohésion des territoires (la coopération principalement) et alerte sur le "risque que le territoire se désunisse". Pour Localtis, "la préparation de la future politique [européenne] de cohésion donne une véritable occasion à tous les échelons de collectivités et à l'État de travailler ensemble à l'élaboration de l'accord de partenariat et des futurs programmes opérationnels régionaux…"
La Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) propose "de sortir du schématisme (métropoles vs rural) et du fatalisme (territoires condamnés)". Pour cela, son club des économistes, animé par les agences de Lorient et de Nancy, apporte une contribution au débat : à partir de travaux statistiques sur une longue période, de la prise en compte des mutations globales et de l'audition d'experts, un document décrit les différences d'évolution entre et à l'intérieur des zones d'emploi et des régions.
Où en est la France en matière de dynamiques territoriales et de dynamiques d'innovation ? Y a-t-il métropolisation ou métropolarisation ? Après tous les récents changements, la bonne question à se poser n'est elle pas de savoir comment (re)trouver la rentabilité à la taille où on se trouve ? S’appuyant sur un séminaire de l’Académie des technologies sur le thème "Technologies et territoires d’innovation", la revue Population & Avenir revient sur ces questions. Et l'article d'édicter que "le développement local dépend de l’innovation dans les territoires" et que c'est "la création de [...] dynamiques entrepreneuriales locales qui explique l'innovation, et non le fait d'être dans une métropole".