"L'architecture et l'urbanisme ont leur bible maudite et leur antéchrist, écrit le consultant et chroniqueur Franck Gintrand. Conçue dans la foulée du 4ème Congrès international d'architecture moderne en 1933, la Charte d'Athènes mise en forme par Le Corbusier voulait changer le monde en changeant la ville. Elle n'aurait tout au plus favorisé que la naissance d'une ville inhumaine et anti-urbaine. Quand elle est encore évoquée, ce qui est rarement le cas, sinon dans les livres d'histoire, la Charte et ses 25 propositions ont fini par cristalliser tous les maux de l'urbanisme des années d'après-guerre." Dans quatre textes parus au printemps 2020 dans Chroniques d'architecture, l'auteur revient sur les griefs portés contre la Charte d'Athènes et prend appui dessus pour lancer une nouvelle réflexion collective autour de l'urbanisme.
Dans le cadre d'un atelier inter-masters, en lien avec un programme de recherche dédié à la métropole résiliente, des étudiants de l'Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine (IUGA) ont exploré en 2019-2020 les futurs à l'aune de l'anthropocène, marquée à la fois par des quasi-certitudes (ce qui est prévisible) et par de fortes incertitudes (ce que nous ne sommes pas en capacité de conceptualiser à ce jour) sur le futur proche. Entre résistance, transition et bifurcation radicale, comment se situe ou pourrait se situer la résilience de la métropole-montagne ? Accompagnés par leurs professeurs et des chargés d'études de l'Agence d'urbanisme de la Région Grenobloise (AURG), les étudiants ont travaillé autour de trois thématiques : paysage alimentaire et biodiversité, accueil-hospitalité, Smart city et fragilité des réseaux numériques et électriques ; puis ils ont imaginé des propositions de modèles résilients pour repenser l'aménagement du territoire et l'urbanisme, ou des visions possibles du futur. Existe à présent (en ligne notamment) "une matière riche pour sensibiliser les collaborateurs de l'Agence et ses membres, élus et techniciens des collectivités, et alimenter les études exploratoires".
Le plan urbanisme construction architecture (PUCA) menait en 2019-2020 un cycle de cinq conférences en France pour croiser les regards afin "d'esquisser des propositions d'actions concernant le devenir des campagnes urbaines notamment en termes d'occupation et de recyclage des sols, de production agricole, de politiques d'aménagement, de modèles de transition et de coopérations interterritoriales." Les vidéos sont à présent en ligne.
Comment une commune martiniquaise imagine son futur sur un territoire, en première ligne du changement climatique mais extrêmement fertile sur des terres volcaniques, fragile par son économie et sa trajectoire démographique vieillissante ? S'appuyant sur son conseil de démocratie participative, la commune porte depuis 2018 un projet expérimental de "maîtrise d'œuvre architecturale, urbaine et sociologique" pour définir des solutions de relogement dans une perspective de résilience et d'autonomie relative. En 2019, les habitants ont été invités à imaginer comment quitter le "bleu" (le littoral) pour habiter le "vert" (les hauteurs, un paysage inédit pour nombre d'entre eux) en abordant simultanément l'échelle stratégique et l'adaptation de court terme. En 2020, le projet est entré dans une seconde phase tournée vers le prototypage de dispositifs alternatifs.
Ce film revient sur la recherche menée sur la revitalisation du centre-ancien de Briançon (12 000 habitants, Hautes-Alpes), dans le cadre du programme de recherche de la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines. Soumis à des processus concurrents de muséification et d'abandon, le centre-ancien au caractère patrimonial se caractérise par la mobilisation des habitants qui y développent de nouvelles façons d'y vivre. Deux chercheuses examinent le devenir de ce territoire et les solutions à y apporter.
Riom (19 000 habitants, à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand) n'entend pas être une cité dortoir et souhaite construire une relation nouvelle avec la métropole. "Cela ne signifie pas diluer son autonomie dans une subordination vis-à-vis de l'échelon métropolitain, signale un rapport, mais simplement d'assumer l'existence de ces relations qui structurent les déplacements, les parcours de vie, les consommations de ressources, etc." Ce rapport a été réalisé à la demande d'habitants regroupés dans la fondation Riom terre d'Auvergne créée en 2016 sous l'égide de la Fondation de France. Ce document dégage des axes de réflexion pour le développement et le devenir de la ville à l'horizon 2040. Parmi les pistes envisagées : penser la gare de Riom-Châtel-Guyon comme un véritable pôle intermodal incluant d'autres services (recharge pour véhicules électriques ou à hydrogène, conciergerie…), engager des réflexions globales sur les friches patrimoniales pour établir des programmes de réhabilitation et rénovation, mettre en place des projets en commun avec Clermont-Ferrand.
Presse et réseaux sociaux rapportent régulièrement des conflits de voisinage (chant du coq, de grenouilles, odeurs de vaches...) qui "seraient le signe d'une opposition croissante entre les habitants des campagnes et les nouveaux arrivants". L'économiste André Torre rappelle que l'INRA et AgroParistech mènent depuis plusieurs années un programme de recherche sur les conflits d'usage, de voisinage... en France et particulièrement dans les espaces ruraux. Il en ressort que ces "petits évènements (...) sont en réalité très anecdotiques et ne reflètent pas l'ambiance et les relations qui régissent les campagnes." Si les conflits sont plutôt rares, écrit-il, ils portent sur des enjeux plus sérieux, reposant "la plupart du temps sur des questions d'infrastructures", souvent liés "à l'occupation des sols, et donc aux arbitrages entre activités agricoles, espaces naturels, tourisme et activités industrielles." Ces anecdotes "sont avant tout révélatrices du regard que les habitants des villes portent sur le rural ou ce qu'ils en imaginent", juge-t-il. André Torre revient alors sur les spécificités du mode de vie des habitants des espaces ruraux et les difficultés rencontrées aujourd'hui, qu'il axe principalement autour de la mobilité.
"Comment réduire la consommation d'espace, tout en préservant le dynamisme de notre territoire ? Quelles pistes pour relever le défi du foncier ? Comment améliorer l'observation de l'artificialisation des sols et du recyclage du foncier ?" Telles étaient les questions au programme d'une journée organisée par les services de l'État. Les présentations sont désormais en ligne ainsi que des comptes-rendus des tables-rondes et des ateliers (urbanisme et projet agricole, outils de densification pavillonnaire, valeur non marchande des espaces, fonciers dégradés et usages alternatifs, observation du foncier).
Un article entend montrer, à partir des exemples de deux intercommunalités (communauté de communes de la Vallée du Garon et celle du Pays Mornantais), "comment, depuis le début des années 2000, les communes de l'ouest lyonnais ont défendu leur position dans l'espace métropolitain, et notamment leur cadre de vie, face à l'affirmation de politiques nationales de lutte contre l'étalement urbain". Ses auteurs expliquent "comment ces territoires, tout en s'inscrivant dans une dynamique métropolitaine, se préservent de certains effets de la métropolisation (forte densité, artificialisation des terrains agricoles, afflux de nouvelles populations, nouveaux services et équipements) en mobilisant à leurs fins l'arsenal juridico-technique de l'aménagement durable."
En 2018-2019, l'association des Architectes-conseils a conduit une étude visant à identifier les facteurs qui participent à la dévitalisation des centres-bourgs ainsi que les outils et méthodes qui peuvent être utilisés pour y remédier. Mobilisant l'ensemble de leur réseau national pour illustrer d'exemples leurs propos, ils livrent dans un riche document une importante récolte et analyse de démarches, projets et réalisations. Sont décrits notamment 35 "retours d'expériences, opérations exemplaires", dont neuf en Auvergne-Rhône-Alpes.