Après avoir imaginé un projet de lotissement "classique" de huit maisons sur une parcelle constructible de 4 700 m² en zone urbaine, la mairie de Saint-André-des-Eaux (Côtes-d'Armor) "s'interroge alors sur la possibilité d'imaginer une autre manière d'aménager, d'habiter" et rencontre "un collectif composé de jeunes foyers cherchant une commune où s'installer de manière pérenne en hameau léger". La condition pour s'installer : reprendre le café. Une expérience, toujours en cours, décryptée par BRUDED (Réseau d'échange d'expériences de développement local durable entre collectivités).
Lancée en 2018, la consultation nationale Réinventons nos cœurs de ville a été conçue par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA). Elle visait à faciliter l'émergence de projets dans les centres de certaines villes moyennes participant au programme Action Cœur de Ville et de programmes urbains adaptés aux marchés et aux besoins locaux, favorisant la transition écologique et l'inclusion sociale et valorisant le patrimoine architectural, paysager et urbain. Deux documents ont été publiés, l'un sur les enseignements du dispositif, l'autre sur le retour d'expérience des villes témoins.
C'est le titre d'une tribune d'Aurélie Delage et de Max Rousseau parue le 6 décembre 2021 dans L'Obs. Les deux chercheurs, respectivement en aménagement et urbanisme et en sciences politiques, relèvent que s'il y a eu beaucoup de transactions immobilières, il y a pour l'heure peu d'installations pérennes et peu de réhabilitations. Si bien qu'on peut faire l'hypothèse que "de nombreux achats n'ont en fait pas été effectués dans le but d'un déménagement - que celui-ci soit suivi du maintien du même emploi (télétravail) ou d'un changement d'activité radical (transition rurale) (…). La vague d'achats observée dans les périphéries françaises depuis l'année dernière évoque davantage l'accélération d'une évolution des motivations de l'acquisition de logement", que les chercheurs détaillent dans une analyse : la "rencontre improbable entre la collapsologie et la rente foncière" qui menace "dans les villes-centres et les premières couronnes des agglomérations moyennes (…) le droit à la ville des populations locales", en particulier des plus jeunes et des plus modestes. De ce fait, "derrière l'appellation trompeuse d'« exode urbain »", on pourrait assister à "l'arrivée en France d'un phénomène que l'on croyait réservé aux pays des Suds : le land grabbing, ou accaparement foncier".
La loi Climat et résilience de 2021 comporte 291 articles, dont des dispositions en matière d'urbanisme et d'environnement qui vont nécessiter de faire évoluer les pratiques actuelles en matière de politiques publiques (SRADDET, SCoT, PLUi, PLH...). Pour mieux s'y retrouver, l'Agence d'urbanisme d'agglomération de Moselle (AGURAM) a publié six schémas de synthèse.
"Depuis une douzaine d'années, on est fasciné en France par la notion de tiers-lieu (…), mais derrière ce gros concept, il n'y a pas beaucoup d'outils concrets", constate Nicolas Beudon, ancien conservateur de bibliothèque, passionné de design thinking et devenu consultant et formateur auprès d'établissements publics. Sans méthode, nos programmistes et nos architectes se contentent trop souvent d'avancer à tâtons ou de répéter ad nauseam des formules qui marchent. Ce type de démarche purement empirique est condamné à s'essouffler : de quand date la dernière bibliothèque française qui vous a vraiment coupé le souffle ?" Inspiré par l'architecte néerlandais Aat Vos, qui a conçu de nombreux tiers-lieux, Nicolas Beudon explicite alors le modèle Papillon, "un outil très pratique pour mettre à plat toutes les questions qui se posent lorsqu'on programme un tiers-lieu ou lorsqu'on conçoit un projet d'établissement". A noter que cinq blocs composent cette méthodologie, dont un intitulé "territoire".
L'ADEME publie un "kit des données clés de l'adaptation" afin d'aider à repérer quelles sont les données majeures à retenir pour intégrer l'enjeu d'adaptation climatique dans le cadre d'un exercice de planification. "S'appuyant sur une coopération entre chercheurs et praticiens (...), les méthodes et approches proposées reposent sur des outils de collecte et d'interprétation des données climatiques, ainsi que des méthodes de cohérence et de formalisation du diagnostic territorial dans les documents d'urbanisme."
Un tel poste a été créé en 2019 à Redon Agglomération, occupé par Nina Lemaire, qui explique à La Gazette : "l'urbanisme favorable à la santé s'intéresse à tous les déterminants de santé. Il s'agit de considérer les risques, par exemple la présence de lignes à haute tension, ou de faire de la prévention, en favorisant l'usage du vélo. Cela se traduit ensuite à l'échelle des documents de planification." Pour l'intercommunalité, il s'agit de "tirer au maximum vers la prise en compte de la santé dans le projet d'urbanisme. Mais je mène aussi un travail sur les aires de jeux avec les communes de l'agglomération. Pour réfléchir à la créativité de l'enfant dans le jeu ou faire des préconisations sur le choix des plantes, pour éviter les pollens allergisants, par exemple."
En décembre prochain, la Ville de Paris engagera une révision de son PLU, en souhaitant y intégrer les sujets environnementaux : un PLU qui respectera la trajectoire des accords de Paris et le Plan Climat Air Énergie Territorial. Alors que dans plusieurs métropoles ou collectivités plus petites les équipes nouvellement installées relisent, un à un, les dossiers d'aménagement à travers le prisme de l'urgence climatique, le magazine Usbek & Rica a interviewé longuement le premier adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, de l'architecture, du Grand Paris et des relations avec les arrondissements.
A partir d'un corpus de textes, le Plan urbanisme construction architecture (Puca) montre les "glissements thématique et la complexification qui s'est opérée", ainsi que "de nouveaux cadres de pensée liés à la transition écologique" : fin du dogme de la densité à tout prix, biodiversité placée désormais au cœur de l'aménagement urbain, grand retour de l'hygiénisme dans l'urbanisme. "En quelques mois, on est passé du sujet “nature en ville” (avant la crise) à la nécessité d'une pensée systémique pour inventer un “éco urbanisme” ou un nouvel hygiénisme fondé sur la « santé environnementale »".
En partenariat avec l'Assemblée des communautés de France (ADCF), la Fédération Nationale des SCoT a publié en 2020 un nouveau guide juridique et méthodologique, portant sur l'articulation entre SCoT et PLU(i). Ce guide adopte une approche pédagogique, particulièrement utile aux élus engagés dans la planification et la stratégie territoriale, et aux urbanistes des collectivités. Dans un contexte d'installation de nouveaux exécutifs, il propose "un excellent outil de sensibilisation".