Ces deux documents mettent en lumière l’intérêt des démarches participatives pour le développement des énergies renouvelables. A travers les retours d'expérience qu'elles collectent, elles illustrent le rôle que peuvent jouer ensemble citoyens, collectivités et association pour favoriser l'appropriation et l'ancrage local des projets. Il s'agit d'une part d'une étude de l'ADEME intitulée Quelle intégration territoriale des énergies renouvelables participatives, dont l'objectif est de qualifier le jeu d'acteurs autour des projets, d'exposer les ressources dont disposent ces derniers (compétences techniques, financières ou de gestion de projet) et s'ils s'appuient sur des réseaux existants (techniques, financiers, associatifs), de décrire le travail de mobilisation, les processus de dialogue territorial mis en œuvre par les porteurs de projet, ainsi que la manière dont se négocient les partenariats entre groupes de citoyens et partenaires institutionnels et privés, d'explorer la manière dont la redistribution des bénéfices contribue à la dynamique territoriale et plus largement, à la prise en compte de la transition énergétique au plan local, au-delà d'une simple production d'ENR. Le seconde document a été réalisé par l'Agence régionale de l’environnement en Île de France : intitulé Projets d’énergie renouvelable participatifs et citoyens - retours d’expériences, il détaille 11 projets récents et très divers (biomasse, éolien, méthanisation et solaire).
Julien Talpin, un chercheur en science politique, montrait récemment dans un article "comment les élus locaux étouffent les mobilisations [d’habitants] dans les quartiers populaires". Ce même chercheur revient dans un entretien de La Gazette sur les éléments qui freinent aujourd’hui le développement de la démocratie participative en France et explique comment la participation citoyenne est à considérer comme une alternative sérieuse permettant de renforcer la légitimité de la démocratie représentative.
En 2014, la mairie de Yèbles (875 habitants) décide de reconstruire son école élémentaire trop vétuste, d’autant que les effectifs ont triplé en trois ans. Le budget s’élève à 1 millions d’euros HT. Malgré les financements de l’État, de la région, du département (Seine-et-Marne), de la réserve parlementaire et d’une enveloppe exceptionnelle de l’Élysée, il manque encore de l’argent. La mairie décide alors de faire appel aux dons via une plateforme de crowdfunding. Elle collecte ainsi 44 050 euros. Le Courrier des maires propose un éclairage sur le montage, les difficultés et les retombées de cette expérience.
Depuis le 10 septembre 2015, les Parisiens peuvent élire les projets qu'ils souhaitent inscrire au budget 2016 de leur ville. Ces projets proviennent des 5000 idées émises de janvier à mars par près de 19 000 citoyens. La Gazette tire de cette initiative des premiers enseignements utiles pour d'autres communes : faire de la pédagogie car "parler budget et finances n’est pas très sexy, et attirer les citoyens sur ces thématiques n’est pas évident…" (création du site internet Madame la Maire j’ai une idée, affichage, réunion, accueil en mairie...) ; dimensionner les équipes dans les différents services afin qu’ils évaluent la faisabilité technique et le coût des projets ; avoir un outil informatique intégré pour l’instruction, le vote, la réalisation et la mise en œuvre des projets ; répondre de façon personnalisée à chaque participant ; inciter à la co-construction de projets, en favorisant les démarches collaboratives (enrichissement de projets proches).
Action coordonnée par une association sous l’impulsion de la SNCF et de la ville de La Ferté-Sous-Jouarre, "Réinventons la gare" consiste en : une démarche citoyenne avec rencontres créatives, collaboratives et ludiques entre citoyens ; des services imaginés par les habitants et qui répondent à leurs besoins du quotidien, recréer du lien social, de l’économie locale… ; une gare et un quartier, carrefour du quotidien, véritable terrain d’expérimentation de ces services. A travers ce projet, la SNCF souhaite répondre à deux objectifs : améliorer le confort des voyageurs de la gare en diversifiant les services et surtout en les adaptant aux besoins locaux, valoriser les espaces non exploités pour les rendre plus attractifs et conviviaux. Pour la ville, l'enjeu est d’impliquer les citoyens dans l’expression des besoins du territoire et la création d’idées. Mais au-delà d’une simple expression, l’enjeu est surtout de donner l’opportunité à ceux d’entre eux qui le souhaitent, de mettre en œuvre ces services opérationnellement, ou d’aider des entrepreneurs confirmés à les mettre en œuvre. Ainsi, de jeunes entreprises pourront naître et les citoyens souhaitant s’associer au projet en construction y seront invités : c’est une façon de permettre à chaque citoyen désireux de s’impliquer dans un projet qui a du sens pour le territoire, de passer à l’action et de devenir acteur de l’économie locale. Un site internet permet de suivre pas à pas la démarche méthodologique du projet.
Depuis quelques années, des acteurs se sont attachés à développer et à promouvoir l’importance de la maîtrise des techniques de cartographie comme support essentiel de mobilisations collectives et de participation des habitants dans les projets de réaménagement urbain. La maîtrise des outils de représentation de la ville permettrait à la population dans son ensemble de participer à la construction des projets d’aménagement, de s’y opposer ou encore d’y résister. Dans un article, deux universitaires s’interrogent sur les ressorts et les usages d’une telle cartographie : les usages militants de la cartographie participative sont d’abord questionnés, c’est-à-dire la manière dont cette technique peut être utilisée pour défendre une cause, soutenir les revendications des citoyens et les mobiliser, puis les auteurs montrent comment l’examen attentif des étapes de construction de ces cartes révèle une réalité différente, où l’aspect participatif demeure à bien des égards largement limité.
C’est en 2014 que cette commune s'est dotée de son bulletin municipal dont le nom, Tam Tam, fait référence au tambour du garde champêtre qui arpentait jadis les villages pour informer la population. Tam Tam signifie également Trimestriel d’Actualité Municipale du Territoire d’Andelot-Morval. Tiré à 100 exemplaires et distribué par le maire ou par des habitants bénévoles, le bulletin décrypte à chaque numéro les impacts d’une réforme ou d’une actualité nationale sur la vie du village, montre la façon dont le village est perçu par des acteurs qui le fréquente, met en avant la vie ou les projets des habitants, et parvient à sortir de la communication "vue par les élus" grâce à un comité de rédaction mis en place avec des habitants. Une démarche participative qui contribue à développer une dynamique autour du journal et à renforcer le sentiment d’appartenance au territoire. Imaginatif et professionnel, Tam Tam montre qu'il est possible de faire de sa "feuille de chou" un outil de communication structurant avec peu de moyens humains et financiers.
Comment animer, manager, former, contribuer en mode réel à plusieurs et de façon créative. Pour éviter la « réunionite », les conférences traditionnelles et ateliers formels avec orateurs ne donnant pas la parole à l’audience, pour refonder la formation… Pour rompre les habitudes, la Fondation Roi Baudouin propose un guide pratique « boite à outils » qui présente de manière approfondie 13 méthodes participatives. Une introduction fournie contient des directives générales sur l’emploi des méthodes participatives. Le guide propose ensuite un panorama méthode par méthode : définition, quand l’utiliser, procédure, ressources (calendrier et budget), "autres bonnes pratiques et pièges éventuels", références et ressources. En fin du guide, 50 méthodes et techniques participatives supplémentaires sont brièvement décrites. Ce guide est destiné aux praticiens qui souhaitent initier un processus participatif.
"Curieusement, la culture, en principe champ de prédilection de la créativité et de l'audace, accuse du retard en matière de démocratie participative, comparée à d'autres domaines comme l'urbanisme", écrit La Gazette dans un dossier consacré à la participation des habitants dans les politiques culturelles. Pourtant la participation culturelle existe, relèvent les auteurs qui rapportent une démarche de réflexion prospective en Alsace et l'organisation de festival et de gestion de la médiathèque-cinéma à Mouans-Sartoux... Certains secteurs culturels sont en principe plus à l'aise que d'autres avec la participation, comme les écomusées dont la charte prévoit un comité des usagers. Mais les modalités de cette participation "souffrent d'un grand « flou » dans lequel s'engouffrent beaucoup de professionnels pour conserver le contrôle des activités ou palier le manque de moyens de leur institution par une délégation qui ne dit pas son nom", peut-on lire encore. Autrement dit, la participation ne peut s'exercer sans cadre et modalités précis pour réguler le débat entre politiques, professionnels et habitants.
La démarche participative, "à la mode" pour définir, conduire ou évaluer une politique publique, nécessite plusieurs préalables. Gilles Bonnenfant, président d'Eurogroup Consulting, dégage trois natures de réflexions à mener pour la valider, orienter son périmètre, son ampleur et ses modalités, et maximiser les chances de son succès : clarifier son besoin et déterminer ses objectifs et ses priorités ; identifier les "barrières à l'entrée" ; anticiper les risques pour mieux les maîtriser. Une fois prise la décision de recourir à la participation, il s'agit selon lui de faire le choix de sa forme en fonction de six axes de réflexion : choisir qui faire participer, bien maîtriser le tempo, ne pas négliger le coût, choisir les bons outils, définir l'animation, garantir un dialogue objectif et transparent pendant et après la démarche. Les clés de réussite du recours à la participation, à la fois techniques et "philosophiques", sont explicitées dans un article publié dans Les Echos.