Les relations entre l’insertion par l’activité économique (IAE) et les entreprises classiques constituent depuis l’origine un sujet de débat. L’ambition de nombreux pionniers de l’IAE était de proposer une alternative face aux dysfonctionnements de l’économie capitaliste. Par définition, cette perspective n’encourageait pas à collaborer avec les entreprises classiques. De même, ces dernières ont initialement considéré l’IAE avec méfiance, craignant qu’elle n’exerce une concurrence déloyale du fait des aides publiques dont elle bénéficie. Pourtant, on assiste depuis une dizaine d’années à un développement des collaborations entre ces deux types d’acteurs. La Chaire d’ESS de l’Université Paris-Est Marne la Vallée et l'Atelier, Centre de ressources de l'ESS en Ile-de-France, ont organisé en 2016 une rencontre acteurs-chercheurs sur les collaborations entre IAE et entreprises classiques dont ils livrent le compte-rendu. Parmi les motifs de collaborations identifiés, on peut citer : les SIAE sont des réservoirs de main d’œuvre et permettent de pallier les difficultés de recrutement des entreprises classiques sur les territoires ; le mécénat des entreprises classiques, qui est une ressource financière pour les SIAE ; les achats responsables des entreprises classiques ; les clauses sociales dans les marchés publics, qui obligent les entreprises classiques à intégrer des heures en insertion dans leurs propositions.
La loi du 31 juillet 2014 relative à l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) marque la reconnaissance législative "d’un mode d’entreprendre différent". Cette dernière, en plus d’énoncer les grands principes de l’ESS, décline l’organisation et les missions des différentes instances existantes autour de l’ESS. L'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uriopss) livre un schéma dynamique sous Prezi pour éclairer en un coup d’œil les différentes instances existantes, leurs missions et leurs périmètres d’actions.
A l'occasion du Salon de l'agriculture (27 février-6 mars 2016) à Paris, le Centre de ressources d'Ile-de-France de l'ESS présente quelques exemples franciliens d'initiatives afin de montrer que, "dans un contexte de crise agricole, l'économie sociale et solidaire (ESS) apporte des solutions concrètes aux agriculteurs et aux consommateurs. Elle remet la qualité, le goût et du sens dans nos champs et nos assiettes." Parmi les initiatives : Fleurs de Cocagne - Avrainville, soit un bouquet de fleurs solidaires, bio et locales. Le premier "Fleurs de Cocagne" était né en 2007 à Avignon, avec l'idée que les fleurs, à l’instar des légumes, pouvaient elles aussi être produites localement, selon le cahier des charges de l’Agriculture Biologique, vendues en circuit court, et favoriser l’insertion des personnes en difficulté. Ouvert en 2014, Fleurs de Cocagne - Avrainville a permis la création d'une quinzaine d'emplois, dont les deux tiers pour des femmes et des hommes en insertion professionnelle. Ce concept, précise le Réseau Cocagne, "constitue une alternative aux fleurs actuellement proposées sur le marché, dont 80 % sont produites à l’étranger dans des conditions sociales et de travail loin d’être exemplaires, à grand renfort de pesticides, et générant trafic aérien et surconsommation énergétique."
S'inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, l'écologie industrielle et territoriale (EIT) consiste à créer des synergies à l'échelle d'une zone d'activités pour optimiser la consommation des matières et de l’énergie. L'Avise, centre de ressources sur l'ESS, décrypte l'aventure de l'EIT en Picardie, où le Conseil régional s'est intéressé dès 2013 à cette démarche. La clé de succès : passer de l'interconnaissance des acteurs à la mise en œuvre de démarches collectives (échange et valorisation de flux de matière, d’énergie et d’eau, partage d'équipements, mutualisation de services aux entreprises, recherche de gains économiques...). Mais au-delà des solutions techniques, l'Avise pointe également la nature sociale des projets imaginés : échanges pour la mise en place d'une crèche, d'une maison de services... Car l'ESS et l'EIT auraient des points communs. En mutualisant une démarche d'EIT et une démarche d'ESS, plusieurs potentiels ont été identifiés : gardiennage, gestion des déchets, formations, restauration collective, intégration de personnes en situation de handicap.
Pourquoi l'économie circulaire séduit-elle autant ? Quels sont ses liens avec l’ESS ? Comment les collectivités peuvent-elles renforcer ces liens pour favoriser une économie répondant aux besoins et enjeux des territoires et des habitants ? Une publication du Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) consacre un dossier à cette économie.
Les associations et fondations devront s’adapter au nouveau découpage des régions, et certaines envisager des rapprochements et fusionner, ce qui est rendu possible par deux décrets d'application de la loi du 31 juillet 2014 sur l'ESS, publiés en juillet 2015. La loi autorise ainsi les fusions, scissions et apports partiels d’actif pour les associations et les fondations. Ces opérations qui peuvent avoir de nombreuses conséquences juridiques devront être planifiées en amont, en tenant compte de la forme, de la gouvernance, et de l’histoire de chaque structure.
Le décret précisant les contours de cet agrément publié en juin 2015 permet de flécher certains dispositifs de soutien et de financement vers les structures agréées. Celui-ci donne l’opportunité à des entreprises de l’ESS, y compris aux associations, de bénéficier de financements solidaires (prêts et dons de manière plus restreinte. Le Mouvement Associatif a publié une note présentant de manière synthétique les raisons pour lesquelles il peut être intéressant pour une association de demander cet agrément (bénéficier des fonds issus de l'épargne solidaire, d'une avance de trésorerie pour des projets d’utilité sociale), qui peut y prétendre (associations, fondations reconnues d'utilité publique...), les critères d'éligibilité et le processus d'agrément.
A Berlin, les membres de l'association Lebensmittelretter ont entrepris de récupérer les denrées alimentaires des grandes surfaces, marchés... considérées comme invendables, mais toujours consommables. Afin de redistribuer cette nourriture, des réfrigérateurs ont été disposés dans la ville, dans la rue ou dans des petits commerces partenaires, et sont en libre service sept jours sur sept et à n'importe quel moment du jour et de la nuit. Tout le monde peut y avoir accès aussi bien pour se servir que pour y disposer des aliments. Cette initiative est rapportée par Lumières de la ville, photographies à l'appui, dans un article rubriqué "L'urbanité collective"...
À l'origine du projet, des jeunes franciliens ayant réalisé des études d'ingénieur et qui trouvaient leurs premières années de vie active trop éloignées de l'autogestion. La prise de décision collective, l'égalité des salaires, la polyvalence... cinq ans après sa création autour de ces principes coopératifs, la ressourcerie Court-Circuit emploie sept personnes, s'autofinance à 75% et envisage, avec la communauté de communes Creuse Grand Sud, une future déchetterie qui intégrerait ses locaux. A lire dans Village, le récit de cette création : naissance de l'envie et de l'idée, détermination du statut, premiers financements, rencontre des élus, choix de la localisation...
Dans le prolongement d'une étude publiée par le RTES en 2010 s'intéressant au processus de création des initiatives économiques solidaires des jeunes, et aux conditions pour que celles-ci soient mieux connues, reconnues et soutenues, la SCOP Développements et Humanisme a suivi pendant trois ans 15 initiatives économiques solidaires portées par des jeunes dans cinq régions, pour comprendre de près les impacts, les atouts et les fragilités de ces initiatives, et les facteurs favorisant leur pérennité. Cette nouvelle étude a donné lieu a un rapport ainsi qu'à une journée de présentation des résultats en juillet 2014 sous la forme d'un dialogue ouvert aux jeunes porteurs d'initiatives, aux collectivités, organisations de l'ESS, réseaux associatifs et d'aide à la création d'activité, et aux chercheurs axés sur l'ESS et le développement des territoires. A découvrir : quelles sont les spécificités des initiatives d'ESS portées par les jeunes, pourquoi est-il important d'appuyer ces initiatives jeunes, de soutenir la recherche sur le sujet, quelles sont les préconisations en amont des créations, durant la phase de création puis celle de développement ?