De plus en plus d'agriculteurs développent des activités qui ne relèvent pas de la production alimentaire mais prennent appui sur l'exploitation (accueil pédagogique ou social, vente de proximité, événements culturels...). Or ces projet diversifiés, parfois à la jonction entre plusieurs droits, peinent à trouver leurs cadres et les porteurs de projets éprouvent des difficultés à accéder aux informations juridiques adaptées. Pour répondre à cette problématique, le Réseau CIVAM a réalisé un guide d'accompagnement aux porteurs de projets.
L'Archipel Nourricier de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) est un projet qui vient s'ajouter à une réflexion globale sur la souveraineté alimentaire du territoire, initiée notamment par la création antérieure d'un jardin (microferme) de Cocagne. L’objectif de ce projet est de créer une "trame nourricière" en résonance avec la trame verte matérialisée le long de l'ancien cavalier minier desservant des puits jusqu’au nouveau site de l’hôpital de Lens. "Ce continuum nourricier permettrait de montrer qu’une mixité des pratiques combinée à d’autres usages d’utilité sociale (culturelle, récréative, pédagogique, patrimoniale…) est possible et bénéfique. De plus, il a la volonté d’intégrer différents acteurs du territoire", rapporte le Centre ressource du développement durable (CERDD). Actuellement, et pendant trois mois, trois stagiaires étudient la faisabilité du projet et recensent les parcelles ayant un potentiel agricole afin de mettre en place un document cadre.
Au cours de ces derniers mois, plusieurs centres de ressources et acteurs institutionnels ont publié des documents portant sur l'"alimentation durable" et les "systèmes d’alimentation [ou "alimentaires"] durable territorialisés". Ceux-ci s'adressent selon les cas aux acteurs publics et privés et présentent les enjeux et défis d'une agriculture et d’une alimentation durables, des notions clés, des analyses de projets et donnent des clés pour entamer des projets alimentaires territorialisés.
A la fin des années 2000, la commune de Lingreville (964 habitants, dans la Manche) constate que ses maraîchers disparaissent. La municipalité se rapproche d'un lycée agricole voisin où, de leurs côtés, les stagiaires en maraîchage du Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA) "peinaient à finaliser des projets d'implantation faute de soutien et d'expérience agricole", rapporte le mensuel Maires de France qui consacre un article à cette expérience. La commune et le CFPPA créent alors une couveuse agricole sous forme d'association, pour mettre à la disposition des apprentis maraîchers des terres afin qu'ils y expérimentent des cultures bio sur un à trois ans, dans le cadre d'un espace test, en bénéficiant des conseils des animateurs de l'association et des enseignants du CFPPA. Aujourd'hui, quatre anciens "couvés" sont installés sur le bassin de Lingreville. Et si l'association accueille toujours des apprentis-maraîchers, elle a réussi à élargir ses activités.
Convertie au "zéro phyto" sur 100% de ses espaces verts en 2008, la commune de Saint-Pierre-de-Frugie (380 habitants, Dordogne) s’est depuis lancée dans la création d’un jardin potager communautaire vertueux et pédagogique, qui attire les curieux de la permaculture, selon un article de La Gazette. Les Jardins de Frugie, créés en 2011, montrent ainsi, sur un peu plus d’un hectare, qu’un potager peut vivre avec un minimum d’entretien, d’arrosage et sans produits chimiques. L'intercommunalité a installé des panneaux explicatifs, le PNR du Périgord-Limousin y a fait démarrer un sentier pédagogique de 14 km. Résultat, une dynamique a été enclenchée : aménagement d'un gîte intercommunal, ouverture d'un magasin pour les producteurs locaux...
En fin d'année 2016, deux séminaires ont traité ce sujet. L'un organisé par la Fédération des Parcs naturel régionaux de France, visant à mieux cerner ce que sont les systèmes alimentaires territorialisés (SAT), les raisons et objectifs du développement de SAT et comment en développer sur les territoires. L'autre tourné plus globalement sur l'alimentation durable, à l'initiative de la Fondation Daniel et Nina Carasso, abordant notamment les modes de coopération à revisiter. Ces séminaires ont produit des actes, désormais en ligne. Une troisième publication, sous forme interactive, a été réalisée par le Centre de ressource du développement durable ; elle met l'accent sur les rôles opérationnels de la collectivité pour assembler et relier des initiatives existantes et éparpillées afin de créer un système alimentaire durable cohérent.
Après le pétrole et avec de nouveaux modes d’alimentation et systèmes agricoles, une nouvelle manière d’occuper le sol pourrait exister en France. Quelle en sera la figure, et l’attractivité potentielle ? Proposé par une équipe de paysagistes et soutenu par une Agence de l’Eau, le projet "La Campagne des paysages d’Afterres2050" vient - avec textes et dessins - donner une visibilité concrète à la transformation des paysages agricoles. Une heureuse note d'espoir à la fin de ce document : "L’espace agricole post-pétrolier sera agréable à vivre" !
En 2005, l'association Afip Bourgogne Franche-Comté entraînait la communauté d'agglomération du Grand Besançon, la Chambre d'agriculture du Doubs et un CFPPA dans un projet européen : Solidarités agricole et urbaine pour des gains économiques, environnementaux et en termes d'emploi. Celui-ci visait à diversifier et adapter les activités agricoles en contexte périurbain, relier la demande locale et l'offre de produits agricoles, développer la formation, l'insertion et l'emploi dans les activités agricoles et rapprocher les différents acteurs de l'urbain, du périurbain et de l'agriculture. Un dossier de Transrural Initiatives revient sur cette expérience, décrypte les conséquences de cette dynamique (notamment la création d'un Espace-Test-Agricole) et saisit l'occasion pour questionner la place et le rôle de l'agriculture dans les territoires urbanisés.
Sujet d’actualité aux contours flous, parfois sujet à controverse, fortement médiatisé, l’agroécologie est à la fois un mouvement social, un modèle agricole souvent associé à une agriculture écologiquement et socialement plus responsable et un domaine scientifique. Issu d’un dispositif de veille territoriale né à l’Inra de Toulouse, puis adossé à un projet scientifique PSDR (Pour et sur le développement rural), le dictionnaire d’agroécologie a été conçu pour définir les contours sémantiques de ce domaine et pour permettre aux citoyens, agriculteurs, acteurs du développement et chercheurs, de comprendre ce qui se cache derrière chaque terme. Il propose des définitions claires rédigées et validées par la recherche.
D'un côté de nombreuses fermes seront à transmettre dans les prochaines années, de l'autre des porteurs de projet en agriculture bio rencontrent des difficultés à s'installer (critères d’éligibilité aux aides exigeants, difficultés à se construire un réseau, à élaborer son projet, à acquérir des compétences...), le plus souvent quand ils sont hors cadre familial. Pour le réseau FNAB, il s’agit alors de faire se rencontrer les projets de transmission et les projets d’installation en bio, lien dans lequel la collectivité (EPCI, département...) peut avoir un rôle majeur. Il détaille dans un article les marges d'action en la matière des collectivités et affirme qu'une politique locale autour de l’installation-transmission peut être une clé pour développer une agriculture biologique répondant aux enjeux du territoire. En guise d'exemple, il décrypte le plan d’actions de la Communauté d’Agglomération du Douaisis (59).